Des publicités pour un pendentif IA vandalisées à New York | Revue de presse n°27
J'ai sélectionné des nouvelles importantes sur l'intelligence artificielle pendant la semaine du 6 au 12 octobre 2025.

Bienvenue dans la 27ème revue de presse de Réalité artificielle. Je me suis focalisé cette semaine sur le pendentif Friend, sur l’essor de l’IA militaire aux États-Unis et sur la radicalisation politique de la Silicon Valley. Bonne lecture!
📰 À lire
Des publicités pour un pendentif IA vandalisées à New York
La startup étatsunienne Friend a lancé fin août une vaste campagne publicitaire de deux mois dans le métro de New York pour promouvoir un pendentif IA du même nom. La réaction des voyageurs est très négative, rapporte le New York Times dans un article publié mardi.
Friend est un pendentif en forme ronde qui ressemble à un AirTag d’Apple et dont le but est d’être un «ami» artificiel. Équipé d’un micro qui écoute en permanence, il utilise l’intelligence artificielle Gemini de Google pour répondre à l’utilisatrice ou l’utilisateur par écrit dans une application dédiée ou par des notifications push. Le pendentif envoie également des commentaires spontanés de temps en temps en cours de la journée. Il est vendu à 129 dollars, uniquement aux États-Unis et au Canada.
Friend Reveal Trailer (Friend Media Channel)
Pour lancer son produit, le directeur de Friend, Avi Schiffmann, a dépensé près de 1 million de dollars pour acheter 11’000 panneaux publicitaires dans les wagons du métro du New York ainsi que 1000 affiches dans les stations et 130 panneaux urbains. La campagne publicitaire a également lieu à San Francisco puis se poursuivra à Chicago.
Les affiches sont simples: un court texte noir sur fond blanc, avec parfois une photo du pendentif. Certaines incluent une définition du mot Friend («Quelqu’un qui écoute, répond et te soutient») ou des slogans pour vanter les avantages d’avoir constamment cet «ami» à ses côtés («Je regarderai toute la série télévisée avec toi» ou «Je ne laisserai jamais tomber nos projets de dîner»).
«L’IA n’est pas ton amie»
Les usagères et usagers du métro ont rapidement profité des grands espaces blancs sur les affiches pour écrire tout le mal qu’ils pensent de ce pendentif ainsi que de l’intelligence artificielle en général. Voici quelques-uns des messages:
«L’IA n’est pas ton amie»
«C’est de la surveillance!»
«Capitalisme de surveillance»
«Je t’espionne!»
«Aide mutuelle > conversations artificielles avec une IA»
«L’IA renforce l’isolement»
«L’IA s’en fiche que tu sois vivant ou mort»
«Le coût climatique de l’IA va brûler la planète que nos enfants vont hériter»
«L’IA est en train de brûler le monde autour de toi»
«Des machines idiotes qui appartiennent à des milliardaires, qui consomment énormément d’eau et qui polluent l’air ne seront jamais ton “ami”».
Des pendulaires ont également donné des conseils pour les passantes et passants qui pourraient être tentés d’acheter ce pendentif:
«Fais-toi de vrais amis»
«Ouvre-toi au monde»
«Les relations humaines sont sacrées»
«Va dehors et parle à une vraie personne»
«Pratique l’entraide ou fais du bénévolat pour un jardin communautaire - tu rencontreras des gens cool!»
«Nous ne sommes pas obligés d’accepter ce futur»
«Nous n’avons pas besoin de l’IA, nous avons besoin les uns des autres»
Des sites web rassemblant des photos des affiches vandalisées et arrachées ont été créés: https://nyc-friends.vercel.app et https://boycottai.noblogs.org.
Il est même possible de vandaliser virtuellement un Friend sur le site https://www.vandalizefriend.com. Son créateur, Marc Mueller, a déjà reçu près de 6000 contributions. Selon lui, les réactions négatives contre cette campagne publicitaire sont «une matérialisation de l’anxiété» liée à l’intelligence artificielle.
«Une amitié sincère ne peut pas être simulée»
«Je pense que le nom est une grande partie du problème», analyse Adam Alter, un professeur de marketing à l’Université de New York. «Prétendre qu’une version IA de l’amitié est aussi bien voire mieux qu’une vraie contredit l’idée selon laquelle une amitié sincère ne peut pas être simulée par des agents non-humains.»
Le directeur de Friend estime que son pendentif «n’est pas dystopique». Selon lui, les amis IA sont une nouvelle catégorie de compagnons qui peuvent coexister à côté des amis traditionnels. «Nous avons un chat et un chien et un enfant et un adulte dans la même pièce, pourquoi pas une IA?», a-t-il dit au New York Times.
Lire aussi: With a Friend like this, who needs enemies? (The Verge)
Cette campagne publicitaire a beaucoup fait parler d’elle, notamment dans les médias avec des articles dans The Atlantic, Futurism et Adweek, mais elle ne s’est pas traduite par une hausse significative des ventes. En début de semaine, le nombre total de Friend vendus s’élevait à 3100. Avi Schiffmann espère toutefois que l’adoption du pendentif augmentera une fois qu’il sera disponible en magasins, dès l’année prochaine.
Sept nouvelles importantes cette semaine
AI won’t just take jobs. It will topple governments. (The Hill)
OpenAI wasn’t expecting Sora’s copyright drama (The Verge)
A.I. Video Generators Are Now So Good You Can No Longer Trust Your Eyes (The New York Times)
OpenAI allegedly sent police to an AI regulation advocate’s door (The Verge)
Florida Teen Arrested After Asking ChatGPT How to Kill His Friend (Vice)
🎥 À regarder
L’essor de l’IA militaire
Second Thought a publié vendredi une excellente vidéo sur le développement rapide de l’intelligence artificielle militaire aux États-Unis.
Depuis l’année passée, le Pentagone a signé des contrats avec les plus grandes entreprises d’IA de la Silicon Valley: Meta (Instagram, Facebook, WhatsApp, Threads), OpenAI (ChatGPT), Google (Gemini), xAI (Grok) et Anthropic (Claude). L’entreprise d’analyse de données Palantir joue également un rôle prédominant au sein du complexe techno-militaire et de l’industrie de la surveillance.
«Des manifestants sont arrêtés et licenciés, des personnes sont détenues et envoyées à l’étranger dans des cellules de torture, des hommes, des femmes et des enfants sont surveillés jusque chez eux puis bombardés. Et derrière tout cela, il y a toute une architecture de surveillance et d’analyse qui est construite par les ingénieurs les plus compétents pour des contrats en millions de dollars. Ils travaillent pour des entreprises qui valent des milliards de dollars et qui sont soutenues par un budget [militaire] gouvernemental de 1000 milliards de dollars.»
- Second Thought
The AI Manhattan Project (Second Thought)
Sept vidéos importantes cette semaine
Digital ID is essential for the United Nation’s ‘push for a global surveillance state’ (Sky News Australia)
ICE Can Now See Where You Are At All Times (Taylor Lorenz)
Reconnaissance faciale: des entreprises de la tech au cœur de la surveillance (Arte)
Tristan Harris – The Dangers of Unregulated AI on Humanity & the Workforce (The Daily Show)
AI Just Killed – Here’s Why Experts Say We’re Next. (Tom Bilyeu)
We Just Defeated EU Mass Surveillance (Here’s How) (Techlore)
AI Is Getting Scary | The Kyle Kulinski Show (Secular Talk)
🔈 À écouter
La radicalisation politique de la Silicon Valley
Dans le nouvel épisode de Tech Won’t Save Us, Paris Marx interviewe le journaliste et auteur Jacob Silverman au sujet de son nouveau livre Gilded Rage: Elon Musk and the radicalisation of Silicon Valley.
Ils reviennent sur l’histoire de la capitale technologique des États-Unis et analysent la récente alliance entre les milliardaires de la tech et l’extrême-droite.
Écouter Tech Won’t Save Us sur Youtube Music
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Bonne semaine et à dimanche prochain,
Arnaud